JONATHAN DEBLOIS
Rédaction et entrevue réalisées par Christian Pilon, partenaire / Locomotion
Christian (C pour la suite): Petit dernier de l’équipe, mais pas dernier-né. Avant ton retour aux études, qui te permettra de compléter un baccalauréat d'intervention en activité physique (profil kinésiologie), tu as eu une autre vie. Peux-tu nous en parler?
Jonathan (J pour la suite): J’ai en poche un baccalauréat en service social et j’ai aidé les enfants victimes de maltraitance, les adolescents avec troubles de comportements et leurs familles depuis une bonne dizaine d’années. On parle d’évaluation de signalements à la Direction de la protection de la jeunesse principalement. Je suis toujours impliqué à temps partiel aux urgences sociales, ce qui me permet d’effectuer une transition en douceur vers la kinésiologie tout en poursuivant mon travail d’intervention auprès des familles.
C: Une nouvelle carrière à 33 ans, c’est un changement important! Est-ce qu’il y a un élément déclencheur?
J: Pas vraiment. Je pense qu’on a la chance de vivre plusieurs vies de nos jours. C’était possiblement moins vrai, il y a quelques décennies, pour la génération précédente. J’ai hésité au début de mes études universitaires entre le domaine de l’éducation physique et le travail social. Je comprends qu’on puisse réagir à mon changement de cap. Je ne vois certainement pas ça comme une rupture. Au début de ma carrière, j’ai eu la chance d’utiliser la boxe comme outil d’intervention auprès de jeunes en difficulté. Il y a des recoupements à faire. Dans tous les cas, je me vois comme un agent de changements. Je m’éloigne un brin du travail social, mais je ne serais pas surpris qu’aider les jeunes demeure une constante dans ma vie.
C: J’imagine que ce travail n’était pas toujours facile. Comment faire pour gérer la charge émotive?
J: Ce n’est certainement pas un domaine facile. Notre système social, de santé, n’est pas dans le meilleur état. Il faudrait faire mieux et plus. Ceci dit, j’ai une conviction profonde qui facilite mes interventions: il est toujours possible de changer. Je ne pourrai pas faire ce travail en étant défaitiste. Après, est-ce que c’est facile de changer? Certainement pas, il n’y a pas de baguette magique. Je suis une courroie de transmission, j’essaie de faciliter les choses, je donne des conseils, je réfère, j’éduque, mais au final, le changement est le travail du principal intéressé, le ou la jeune, la famille. Sur le plan personnel, le sport et l’entraînement ont toujours été présents dans ma vie pour décompresser, garder un esprit sain.
C: Parlons de ta passion sportive. On te connaît surtout pour la boxe au Studio, mais un petit oiseau m’a dit que tu étais un bon joueur de baseball. Que tu avais plus de superstitions que Larry Walker, fanatique du chiffre 3, ou encore Moises Alou qui urinait dans ses mains pour améliorer sa prise ! Je sais mes références «baseball» datent d’une autre époque et en disent beaucoup sur mon âge.
J: Tes références ne me sont pas si étrangères. Je dois ma passion du baseball à mon père avec qui j’ai appris à aimer ce sport en écoutant les matchs des Expos à la télévision. Quand j’étais à l’école primaire, j’essayais souvent «d’étirer» les fins de soirées en semaine pour voir la fin des matchs avec lui. Malgré sa grande passion pour le sport, j’ai rarement réussi à le convaincre. Je suis originaire de St-Georges de Beauce et j’ai joué à un niveau intéressant à l’adolescence. Les matchs n’étaient pas à côté. Il n’était pas rare que mon père soit le taxi pour un match à Drummondville - 3 h de route pour allé, 3h pour revenir - un soir de semaine. Je pense qu’on peut effectivement parler d’une passion. J’ai continué à pratiquer le baseball à l’âge adulte. Je suis joueur-entraîneur d’une équipe sénior dans Rosemont et mon entraînement présaison bat son plein. Mes 3 à 4 séances d’entraînement par semaine au Studio tournent autour du développement de la force, de la puissance, de l’explosion. J’espère bien voler plus de buts et frapper plus de circuits cette année!
C: Et les superstitions?
J: J'espérais m’en sortir en noyant le poisson avec une longue réponse sur ma passion du baseball. OK! Rien à voir avec Moises Alou, je vous rassure. C’est plutôt classique. Je ne marche jamais sur une ligne de chaux lorsque j’embarque sur le terrain de baseball. Je mets mon bas droit avant mon gauche et la même chose pour mes souliers à crampons. Je porte le même gilet sous mon uniforme depuis plusieurs années. Et comme, qui ne vaut pas une risée de vaut pas grand-chose, au Studio, si vous êtes observateur, vous pourrez rire de moi, car certaines de ces superstitions se sont transférées à la boxe. Je ne mets jamais le bandage gauche avant le droit, même principe pour les gants. Et voilà! C’est fait! C’est dit! (rires)
C: Parlons boxe, tes premières interactions avec les membres du Studio se sont faites via l’art pugilistique. Tu animes la classe Le Ring du samedi matin. Tu as une feuille de route intéressante de ce côté. Peux-tu nous en parler?
J: J’ai fait de la boxe dès l’âge de 17 ans pour une période d’environ 5 ans. J’ai cumulé près d’une vingtaine de combats. On parle de boxe amateur. J’ai été champion gants d’argents en 2007 catégorie 63.5 kg. J’ai eu la chance de faire du sparring avec d’excellents boxeurs sur la scène canadienne. Pour donner une idée du niveau, un partenaire de sparring de passage à mon club de boxe a été plusieurs fois champion canadien. Il avait déjà battu Paulie Malignaggi (plus tard champion du monde IBF et WBA chez les professionnels) dans un combat amateur. J’ai donc eu la chance de vivre beaucoup d’expériences intéressantes en Beauce et au club de boxe de Sherbrooke. Quant au coaching, j’ai le niveau 2 d’entraîneur de la Fédération québécoise et j’ai été dans le coin de quelques boxeurs pour des combats. J’ai accroché mes gants pour prioriser ma carrière professionnelle en 2009. Il faut aussi dire qu’à côtoyer ce genre de boxeurs (gants dorés, sélection canadienne), on comprend que la prochaine étape demande un investissement total et un talent particulier.
C: Tu es au Studio depuis l’automne dernier, moment où tu débutais avec un stage. Tu as pu constater que l’entraînement boxe était très utilisé par nos membres. Quelle a été ta réaction de voir tout ce beau monde faire de la boxe?
J: Premièrement, lorsque j’ai regardé pour mon stage en kinésiologie, j’ai eu deux surprises. Je tombais sur un Studio proche de chez nous avec un super ring en plein milieu. Je me suis dit qu’il fallait que ça se passe là! Pour ce qui est de l’usage, j’ai toujours été convaincu que la boxe pouvait servir d’un outil formidable dans plus d’un contexte. J’en parlais plus tôt avec les interventions que j’ai faites dans le passé auprès de jeunes. Ça coule de source pour moi que la boxe peut être un formidable outil pour la mise en forme. Du coup, la formule que vous avez mise en place, le niveau d’accessibilité des séances du Studio Boxe et Le Ring ne peut qu’être gagnante. Et en même temps, l’authenticité de l’entraînement demeure intacte. C’est possiblement là, le tour de force!
J: Fin du lançage de fleurs pour Locomotion, je me permets d’en garder pour les membres. J’ai la chance de côtoyer, des gars, des filles, jeunes, matures, je coachais un père et sa fille le week-end dernier, autant de personnes qui semblent investies dans leur démarche. Je ne suis pas là depuis très longtemps, j'utilise donc le verbe «sembler», mais si j’avais à identifier un dénominateur commun chez les membres que je croise, cette intensité, cette implication sans retenue le serait probablement.
C: Comme coach, tu intègres l’équipe de façon plus sérieuse à la fin du mois en passant de 10 à 25 h de disponibilités. Peux-tu décrire ta vision de l’entraînement? Nous parler de tes forces?
J: Je suis très excité de passer à cette nouvelle étape. Je me dois de profiter de l’occasion pour saluer et remercier Éric et Anthony (entraîneurs au Studio) qui ont été mes mentors pendant mon stage de 20 semaines. La générosité offerte m’a permis de faire un pas de géant et d’assimiler pleinement l’approche du Studio.
J: Ma vision de l’entraînement est relativement simple - au risque de me répéter - il s’agit d’un moteur de changements. Il y a les résultats bien sûr, mais le plus important pour moi est la capacité à jouer un rôle dans la vie d’une personne en lui donnant les outils qui favorisent le changement. Parfois, on part de loin, parfois le changement recherché est plus subtil, dans tous les cas, faire partie de cette dynamique m’inspire.
J: Je reviens sur la notion de résultats, je ne voudrais pas qu’on pense que je n’y accorde pas d’importance. J'ai développé une capacité d’organisation dans mon travail d'intervenant. Cette «déformation» est une vraie force pour l'entraînement. Je garde en tête les objectifs, je structure sur le court, moyen et long terme pour arriver à la bonne destination. Ceci dit, j’apprécie surtout le processus et j’y accorde en parallèle beaucoup d’importance. Pour illustrer la chose, si on me donne le choix entre permettre à un client de gagner 10 lb de muscle en trois mois et voir un client qui intègre pleinement une discipline à son style de vie, je vais pencher vers le deuxième scénario. Derrière l’objectif «obnubilant» du 10 lb de muscles et l’éventuelle atteinte de celui-ci, peut se cacher une faille. Que se passe-t-il lorsque l’objectif est atteint? Est-ce qu’on a la motivation pour continuer? Rien contre se fixer des objectifs. Travailler pour les atteindre. Se récompenser lorsqu’on les atteints, mais tout ça doit se faire dans la bonne humeur, on doit profiter du parcours. Il faut trouver un équilibre entre efforts et plaisir.
C: Même si tu as l’impression de te répéter en parlant «changement», je trouve qu’il s’agit d’une solide ligne conductrice. Le fait que tu amorces toi-même un tournant dans ta carrière professionnelle démontre bien qu’il s’agit pour toi d’une force positive et importante. Pour te connaître un peu plus, quelques questions en rafales.
C: Ton film préféré?
J: Moneyball avec Brad Pitt. Un des meilleurs films dont le sujet est le baseball. Ça fait partie de mon tiroir de superstition. Je vais m’installer pour l’écouter, pour probablement une 8e année consécutive, ce printemps avant le début de la saison de baseball.
C: Des voyages marquants?
J: Trekking dans les Andes, Machu Picchu, ou encore l’Asie. La Thaïlande a laissé une forte impression. J’ai également visité deux fois l’Espagne. J’adore la culture et la gastronomie.
C: Resto préféré?
J: Plusieurs bons restaurants à Montréal, mais le Joe Beef dans la petite Bourgogne m’a grandement plu dernièrement.
C: Autre exploit sportif ?
J: On a parlé de la boxe, je vais donc me rabattre sur un autre exploit qui marquera certainement l’esprit. En même temps, c’est un grand regret qu’il faudra peut-être que j’efface un jour en m’y remettant. Je suis passé à une quille d’un match parfait au bowling! (rire)
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Vous êtes en mesure de croiser Jonathan le samedi matin à 9h30 pour une classe Le Ring. Au moment de la publication de cette entrevue, Jonathan a des disponibilités pour vous épauler en entraînement privé, le mardi en soirée et le vendredi matin. Dès la semaine débutant le 29 avril, il doublera ses disponibilités, vous pouvez réserver dès maintenant.
N'hésitez pas à communiquer avec nous au Studio pour planifier une rencontre.
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