YOVANN CAMIRÉ
Rédaction et entrevue réalisées par Christian Pilon, partenaire / Locomotion
Christian (C pour la suite): Tu occuperas ton poste d’entraîneur dans quelques semaines. J’ai l’impression de te voir tous les jours au Studio. Impatient de commencer?
Yovann (Y pour la suite): Oui certainement! J’ai très hâte! J’ai la chance d’être dans la famille Locomotion depuis un bout. Je suis membre depuis 2016. Je suis arrivé dans le quartier en 2015 et dès que j’ai vu le Studio, je me suis dit qu’il faudrait bien que j’y travaille un jour. Ma blonde Stéphanie a été la première à travailler au Studio. Elle a depuis réorienté sa carrière vers l’aviation. Elle adore voyager (moi aussi). C’est à mon tour de changer de direction, je quitte l’enseignement pour faire partie de l’équipe à temps plein.
C: Tout de même un changement de cap important. Qu’est-ce qui te pousse à faire ce choix?
Y: Changement de cap? Oui et non. Je pourrais te nommer une liste interminable de sports auxquels j’ai participé - soccer, natation, karaté, athlétisme, course de fond - mais s’il y a une constante, c’est l’entraînement que je fais depuis plus de 12 ans. Comme entraîneur, j’ai commencé à 21 ans pendant mon bac en Éducation physique. J’ai oeuvré pendant trois années en enseignement, je reviens à mes amours en quelque sorte. Je dois avouer avoir fait un choix de sécurité avec l’enseignement. Ce fut une belle expérience, le bon choix à ce moment, dans ma vie. Aujourd’hui, c’est un choix de passion qui risque fort d’être pour le reste de ma vie. Du moins, j’espère.
C: Tu es donc un touche-à-tout, côté sport. Il n’y aurait pas un peu d’hyperactivité cachée derrière tout ça?
Y: Je ne m’en cache pas, j’ai beaucoup d'énergie! Je ne pense pas avoir entendu l’un de mes clients se plaindre que l’on s’ennuyait avec moi. Je suis curieux et j’ai par ailleurs un esprit assez actif. Il peut m’arriver d’être dans mes pensées, vrai. J’ai peut-être frôlé l’hyperactivité plus jeune? Si je l’ai été, tant mieux! Les qualités que l’on pourrait y associer sont des atouts comme coach selon moi. Dans le domaine, on doit constamment remettre ses pratiques et ses convictions en question pour s'améliorer, et savoir transmettre son énergie est essentiel.
C: Tu peux peut-être nous parler de ta jeunesse. Ta rencontre avec le sport? L’entraînement?
Y: Comme je disais, le sport a toujours été présent dans ma vie. À l’adolescence, j’étais chétif et pas très grand. Comme tout jeune homme de cet âge, pris dans un tourbillon d’hormones diverses et variées, l’idée d’être musclé a croisé mon esprit. Dès lors, rien de très original! Quelques lectures sur le web sur Arnold et Ronnie Coleman, des bodybuilder de l'époque, puis détour au Canadian Tire pour acheter quelques haltères et on se lance. Avec le temps, j’ai développé un appétit vorace pour toute information concernant l’entraînement. À l’époque, je dévorais les écrits de Charles Poliquin. Depuis, je n’ai jamais arrêté de lire sur le sujet. Je fais du ménage, de la cuisine, en voiture, j’écoute un podcast. Je suis sur la plage, j’ai un livre sur l’entraînement comme lecture de vacances. Je déjeune, dîne, soupe et dort, entraînement et nutrition. Stéphanie et moi avons même un blogue sur ces sujets.
C: Je commençais l’entrevue en mentionnant que tu étais au Studio tous les jours pour t’entraîner en ce moment. Qu’est-ce qui te motive autant personnellement?
Y: Comme «retraité» de l’enseignement, j’ai un été de rêve! Même si en temps normal, je m’entraîne au moins six fois par semaine, là, c’est le luxe. Je peux vraiment en faire plus, étirer mes séances quand l’énergie est là. J’en profite à fond et je compte bien accélérer ma préparation en dynamophilie. Je veux atteindre les standards provinciaux dans les 18 prochains mois pour me présenter aux Championnats Provinciaux. Sinon, la dopamine y est sûrement pour quelque chose, (on ne va pas se le cacher), mais psychologiquement, je crois que l’idée du travail accompli, du travail bien fait, est certainement très présente pour moi. Cette idée teinte mon approche avec mes clients. Dans un monde où on a parfois l’impression de pelleter des nuages, être en mesure de cocher la case «entraînement complété», donne l’impression d’avancer. C’est le cas pour moi.
C: Si on parle de motivation professionnelle?
Y: Elle est classique, mais en même temps, je vois mal comment on pourrait parler d’un autre type de motivation comme coach. J’adore avoir un impact direct dans la vie des gens. Bien sûr, au point de vue personnel, je suis un passionné fini de l’entraînement et de combiner cette passion avec mon travail est incroyable, mais ce n’est pas assez pour être un bon coach et durer dans le temps. Quand on fait le choix d’aller vers ce métier uniquement parce qu’on aime s’entraîner soi-même, en se disant que le reste suivra, je pense qu’on fait une erreur. Je le vois. Je l’ai vu. Il faut cette passion, mais également la passion de l’autre. J’espère ne pas paraître prétentieux en émettant cette opinion. D’autant plus que j’ai zigzagué pour trouver ma voie et que je reviens vers le métier, mais bon, ma conviction est profonde. Dans un contexte de mise en forme, de prévention, comme le nôtre, l’aspect humain a trop d’importance pour prendre un second plan, pour que se soit une arrière-pensée.
C: Tu as des exemples de clients pour lesquels tu as eu impact marquant?
Y: J’ai eu la chance d’accompagner un homme dans sa perte de poids. Il est passé de 250 lb à 190 lb. Même si la transformation physique est ce qui saute aux yeux, le changement est plus profond. On voit plus d'énergie, plus de sourires, un meilleur sommeil, moins de stress, etc. Ça peut paraître comme des détails, mais c’est ce qui rend le travail d'entraîneur si gratifiant. On voit les gens changer. Sinon, l’une des membres du Studio (je crois qu’il y a eu un article à son sujet sur votre blogue), Sophie Langlois, m’a fait confiance. J’ai eu le privilège de travailler avec elle pendant 2 ans et demi avant mon détour vers l’enseignement. Je lui ai d’ailleurs proposé de venir au Studio à ce moment. C’est une force de la nature! Elle s’entraîne présentement avec Valérie et elle compétitionne en dynamophilie. Elle est une source d’inspiration pour plus d’un au Studio!
C: Tu as plus de 5 ans d’expérience comme professionnel en entraînement privé, tu mentionnais t’entraîner depuis 12 ans, l’âge du Studio (fondé en 2007), peux-tu nous parler de l’évolution des techniques d’entraînement?
Y: Sujet vaste! À mes débuts, je crois que nous étions sur la fin du bodybuilding classique, le tout côtoyait un entraînement musculaire défini par les grandes chaînes via les machines avec mouvements assistés qui offraient la plus grande sécurité possible. L’entraînement fonctionnel commençait à prendre de l’espace et au lieu de travailler en mouvements isolés (ce que les machines avaient tendance à faire pour la plupart), on commençait à parler d’entraînement polyarticulaire. On travaillait alors avec les poids libres et l’haltérophilie commençait à devenir un mode d’entraînement pour tous.
Le CrossFit explose en 2010 et atteint des sommets en 2013. L'entraînement fonctionnel est une formule attrayante où on a un travail complet du corps. On en profite pour acquérir une multitude d’aptitudes physiques. En parallèle, l’entraînement athlétique (Strength & Conditioning), l’entraînement des athlètes si on veut, contribue à l’évolution des techniques. Force, explosion, athlétisme, on cherche une performance, le «look» est une résultante agréable, recherchée, mais pas à la base de la démarche. Sur les dernières années, l’approche Boutique Fitness connaît une forte croissance. L’entraînement fonctionnel prend une place importante, mais plusieurs spécialités émergent: boxe, yoga, cycling, etc.
Aujourd’hui, l’entraînement athlétique et l’entraînement fonctionnel tiennent le haut de l’affiche pour de bonnes raisons. L’entraînement athlétique mise sur la science pour proposer des techniques qui marchent et l’entraînement fonctionnel met l’accent sur le quotidien, ce que nous avons comme besoins pour performer jour après jour.
Petite précision, on a tous en tête un entraînement plutôt difficile avec poids libres lorsqu’on parle d’entraînement fonctionnel. Le terme a été détourné, selon moi. À partir du moment où l’on définit l’entraînement fonctionnel comme un exercice qui aide au quotidien, la nature ou l’intensité sera en fonction des capacités d’une personne. Par exemple, si une personne âgée utilise une machine avec mouvement assisté pour renforcer ses jambes, si cet exercice facilite son lever du lit, elle améliore son quotidien. Elle fait de l'entraînement fonctionnel.
C: Cette vague est forte. Est-ce qu’on ne va pas trop loin en proposant ce type d’entraînement à tout vent?
Y: Réponse courte: oui, mais il y a lieu de nuancer. Ces techniques d’entraînement sont d’une grande efficacité et proposent de beaux défis. Faire un squat avec une barre sur les épaules, peu importe la charge, peu importe l’âge, n’est pas la même chose qu’un squat sur une Smith Machine. Le sentiment d’accomplissement «j’ai fait ça tout seul» que procure la première façon de faire est drôlement motivant. Est-ce qu’on devrait bannir la Smith Machine? Non. C’est malheureusement ce qu’on a tendance à faire. Elle est présentement la mal-aimée de bien des entraîneurs dans l’industrie. À nouveau, quelques fleurs pour le Studio. Je n’ai pas vu l'évolution complète (2007 à ce jour), mais comme spectateur attentif des 3-4 dernières années, j’ai vu une évolution mesurée. De mon point de vue, on a gardé ce qui fonctionnait et rendait de fiers services aux membres. En parallèle, on a conservé une palette d’outils suffisamment large pour que les coachs puissent s’adresser à tous les profils d’athlète.
C: Quelques questions en rafales pour compléter. Ton film préféré?
Y: Hum? Je vais devoir dévoiler mon côté geek. La trilogie, Lord of the ring.
C: Livre, hors lecture entraînement ?
Y: Comme je disais, je lis beaucoup sur l’entraînement. Pas un grand lecteur autrement. Puisqu’il faut répondre au risque de complètement confirmer mon côté geek, la Première leçon du sorcier de Terry Goodkind.
C: Voyage marquant?
Y: Il y a la Thaïlande et l’Italie, plus précisément, Venise.
C: Resto préféré?
Y: Kyber Pass, un resto afghan sur Duluth
C: Est-ce que tu as une superstition? Un tic? Un toc?
Y: Je dois vérifier à deux reprises que j’ai bien barré la porte lorsque je quitte la maison. C’est normal, non? Tout le monde fait ça?
LECTURE COMPLÉMENTAIRE:
Sophie Langlois / Rencontre avec une femme remarquable - Article / Collaboration Marie-Michèle Lapointe-Cloutier